Des études nutritionnelles faites sur des rats soumis à un
régime sans silicium dans des systèmes de cage «tout-plastique»
isolés (pour éviter la contamination aérienne et celle due aux
matériaux habituels) ont montré une accélération de croissance
considérable (+ 30 %) après addition de métasilicate de
sodium (NaSiO3,9H2O) à leurs rations (50 mg/100
g).
4.3.1. Croissance osseuse
Le silicium est impliqué dans la formation de la trame osseuse
et la calcification. Son déficit chez l’animal (rat, poulet)
entraîne de nombreuses malformations osseuses. C’est aussi un
composant structurel du tissu conjonctif qui entoure la trame
osseuse. L’administration de silicium stimule la minéralisation
de la trame osseuse même lorsque le régime est pauvre en calcium.
Dans
les régions riches en silicium, relativement riches en calcium,
le rapport Ca/P est de l’ordre de 0.6 à 0.8, et ne dépasse jamais
1. Or, le premier sel possible entre le phosphore et le calcium
(CaHPO4) a un rapport Ca/P de 1 (et sa présence n’est même pas
prouvé dans l’os). Ceci suppose qu’une bonne partie du phosphore
présent dans ces régions est sous forme organique (et non minérale).
Ceci est confirmé par la répartition du silicium, du calcium
et du phosphore au sein des ostéoblastes : colocalisation apparente
du calcium et du silicium dans des zones précises et répartition
plus homogène du phosphore.
(Dans l’os mature, l’hydroxyapatite a un rapport Ca/P de 1.4)
Cette coexistence du silicium et du phosphore (qui est tout
de même à un niveau élevé de concentration) rappelle celle trouvée
au niveau de granules intra-mitochondriaux dans des tissus métaboliquement
actifs (foie, rein). Faut-il voir un lien avec la phosphorylation
oxydative, élevée également en cette région ou avec une synthèse
importante de phosphoprotéines (telles que l’ostéonectine qui
représente presque 30 % des protéines dans la zone d’ossification).
Une alimentation carencée en silicium chez le jeune rat et
le poussin s’accompagne d’une croissance anormale avec anomalies
du squelette et des tissus conjonctifs, réversibles après supplémentation.
Aux anomalies morphologiques d’un crâne court et aplati, au
raccourciment des os longs avec perte de souplesse, s’ajoutent
une pâleur de la peau et des muqueuses, l’absence de caroncule
et de crête chez le poulet et une pigmentation anormale des
incisives chez le rat. La structure trabéculaire normale de
l’os est absente et remplacée par une structure nodulaire correspondant
à l’os primitif. Les cartilages articulaires du plateau tibial
ont leur zone mature qui est amincie et recouvre une zone chondrocytaire
hyperplasique sans l’organisation normale en travées.
...
Le silicium osseux est localisé dans la bordure ostéoïde de
l’os en formation. La teneur en silicium diminue d’autant plus
que le rapport Ca/P se rapproche de celui de l’hydroxyapatite
et que le dépôt de calcium sur la trame collagénique est grand.
Dans l’os mature le silicium est quasiment indétectable. Le
silicium serait impliqué dans les premières étapes de cristallisation
conduisant à la minéralisation de l’os jeune (association avec
l’osteonectin). L’administration de silicium stimule la minéralisation
osseuse même lorsque le régime est pauvre en calcium. L’acide
silicique aurait également un effet antagoniste de l’action
toxique de l’aluminium sur les ostéoblastes (inhibition de la
formation de la trame osseuse et de la minéralisation, l’aluminium
prenant la place du calcium). La croissance des cartilages embryonnaires
en culture est considérablement augmentée en milieu supplémenté
en silicium. La différence de vitesse de croissance est corrélée
avec le contenu collagénique et surtout avec les poly-saccharides
des protéoglycannes de la substance fondamentale. Le silicium
est un facteur limitant essentiel de l’activité de la prolyl-hydroxylase,
témoin de la synthèse de collagène.
4.3.2. Paroi vasculaire
C’est sans aucun doute l’étude la plus significative jamais
entreprise sur la biologie du silicium. La relation directe
avec les maladies cardio-vasculaires par déchéance artérielle,
première cause de morbidité et de mortalité dans les pays à
durée de vie longue, doit nous interpeller fortement. Le défaut
d’irrigation sanguine (apport oxygène et nutriments, élimination
des catabolites) n’est-il pas la première cause des ralentissements
métaboliques de nos principaux organes (et du cerveau en particulier)
au cours du vieillissement ?
Le silicium est un constituant important de la paroi artérielle
(aorte) pour la synthèse et l’arrangement normal des fibres
d’élastine, collagène et mucopolysaccharides.
L’administration de silicium dans un modèle expérimental de
l’athérome chez le lapin, maintient l’intégrité des fibres élastiques
et en favorise même le développement. La surcharge lipidique
étant alors tolérée sans production de plaque athéromateuse
(66). Le silicium organique s’oppose à la péroxydation lipidique
(étude chez le lapin et chez l’homme) .
4.3.3 Revêtement cutané et phanères
Il y a une corrélation nette entre la souplesse de la peau,
son épaisseur, l’absence de rides, sa facilité à cicatriser,
etc. et son contenu en silicium (qui est bien évidemment relié
au contenu en collagène, élastine et autres facultés d’hydratation
de la peau dues aux glycosaminoglycanes des tissus interstitiels).
D’après FREGERT, le silicium est impliqué dans le processus
de kératinisation (liaison Si-kératine).
Cette richesse de la peau en silicium, son inéluctable décroissance
avec l’âge, corrélée avec les signes objectivables (cf. plus
loin) du vieillissement cutané ont interpellé les cosméticiens.
Un apport local de silicium est-il susceptible de stabiliser,
voire de faire régresser, cette déchéance par trop visible ?
La réponse est manifestement positive (cf. données) et les résultats
des expérimentations suggérées pour tenter d’expliquer les mécanismes
posent peut-être plus de questions qu’elles n’en résolvent,
tout en déplaçant la problématique vers une théorie plus générale
du vieillissement, intéressant l’ensemble des cellules et organes
et pas seulement la peau et ses annexes (cf. chapitre 6).
Qu’est-ce que le vieillissement cutané ?
La peau âgée est une quasi entité clinique. On peut observer
:
. un amincissement de la peau (en moyenne 6 % par décade (68,69))
. une laxité,
. des rides,
. des taches
. un durcissement avec sécheresse.
L’histologie révèle :
. une atrophie (perte de cellules, perte de substance intercellulaire)
. une accumulation de fibres élastiques anormales, épaissies,
« tangled »,
. une diminution importante de collagène,
. une augmentation des glycosaminoglycannes (ground substance).
. en phase finale, la matrice dermique est dégénérée en une
masse amorphe, la dissolution du collagène et de l’élastine
étant la cause de la laxité et de la perte de résilience (peau
lente à se retendre après pincement).
...
cf. docs Exsymol
Ainsi, 47 femmes âgées de 38 à 64 ans (âge moyen 48 ans) ont
été traitées par de l’acide silicique colloïdal (Silicol®),
per os et application topique (2 fois 10 mn par jour). Elles
ont été suivies pendant 90 jours. L’épaisseur du derme a augmenté
de presque 30 % pendant cette période (0.90 mm à 1.16 mm). L’évolution
des scores pour les rides, pour les ongles cassants, la fragilité
et la finesse des cheveux ont tous montré une évolution significative
à l’issue de cette période (53). Le seul effet secondaire a
été l’augmentation de la sensation de sécheresse au niveau de
la peau du visage pour 15 % des femmes (alors que plus de la
moitié se plaignait de cet inconvénient au début de l’étude).
cf. silicium et peau
4.3.4. Immunité
Des lymphocytes incubés 48 heures en présence de silicium organique
(monométhylsilanetriol ou extrait de prêle) peuvent se multiplier
sans ajout de lectine ou de facteur de croissance). Le pourcentage
de cellules viables est également bien meilleur que celui des
contrôles. (51)
Des sujets sains traités par monométhyltrisilanol-orthohydroxybenzoate
(Conjonctyl) pendant trois semaines voient leurs lymphocytes
circulants et leurs IgG augmenter de façon significative. (52)
La silice est utilisée comme adjuvant pour un certain nombre
de vaccins. ...
Les zéolites ajoutées aux rations alimentaires d’animaux d’élevage
diminuent l’incidence de diarrhées, de pneumonies, et au total
la quantité d’antibiotiques nécessaires.
Augmentation du contenu en silice des ganglions avec l’âge
...
Diminution du contenu en silicium du thymus. ...
Paroi intestinale est un des tissus riches en silicium (cf.
Charnot) .
4.3.5 Contrôle endocrinien
Le traitement par le silicium organique de rats femelles anciennes
reproductrices rétablit un cycle normal chez 50 % d’entre elles
(79). Le silicium restaurerait-il une étape limitante de la
stéroïdogénèse ?
Connaissant la richesse particulière des surrénales en silicium,
l’influence du silicium sur le cholestérol circulant, la liaison
proposée entre silicium et vitamine C (dont les surrénales sont
particulièrement pourvues), on peut se demander si le silicium
ne serait pas un intermédiaire critique dans la synthèse des
stéroïdes (sexuels et autres).
4.3.6 Relations avec certains métaux (zinc, cuivre, fer, molybdène,
...)
Le silicium semble corriger des apports nutritionnels insuffisants
en cuivre (87). En particulier il corrige la synthèse d’élastine
aortique chez le rat.
Il y a un antagonisme zinc-silicium.
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