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Subject: [Silicium] & peau (et quelques autres réflexions)
From: jpg@pasteur.fr (Jean-Philippe GÉRARD)
Date: Sun, 17 Aug 1997 22:37:04 GMT
Silicium et peau
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Historiquement, les effets cutanés du silicium ont sans doute été les
premiers observés. Observations empiriques certainement.
La médecine populaire (douce ?) ne se prive pas de nous le rappeller :
Les eaux thermales qui ont une réputation en dermatologie,
(Uriage, Avène, La Roche-Posay (Si+Se), Néris-les-Bains, etc.)
contiennent toutes des taux de silice significatifs
(plusieurs dizaines de mg/l --> 100 et +).
(Pour info, l'eau du réseau urbain est généralement en-dessous de
10 mg/ml du fait des traitements de floculation en particulier
avec l'hydroxyde d'aluminium, pour lequel Si a une très forte affinité
---> aluminosilicates qui précipitent).
Les applications de boues thermales ont, à côté de leurs effets
articulaires, la particularité de toutes donner la peau 'douce' :
effet adjuvant non négligeable pour les dames, qui explique peut-être
le succès de ces cures.
En fait, ces boues contiennent des quantités de silice assez
impressionnantes (60 --> 90 % et +) qui a la particularité d'être en
bonne partie colloïdale, ce qui expliquerait son efficacité (?).
Les applications d'argile, très répandues, ont, j'en suis convaincu,
(mais conviction n'est pas raison...)
une bonne part de leur efficacité liée à la silice qu'elles
contiennent (les argiles sont des alumino-silicates).
Autrefois, une des applications favorite de la prêle
(la plus riche des plantes en silice soluble)
était la cicatrisation de plaies étendues ou rebelles.
La peau n'est pas une protection étanche, un certain nombre de
substances peuvent migrer au travers : la cosmétologie vit d'ailleurs
de cela, même si l'étendue de cette pénétration est l'objet de
discussions sans fin... Il s'agit en fait de la frontière entre la
pharmacie et la cosmétologie, et cette frontière n'est pas mince !
Chez le jeune, la peau est le tissu qui contient le plus de silicium
(avec les artères, le thymus). Les taux décroissent progressivement et
apparemment inéluctablement avec l'âge. La peau a un fort contenu en
tissu conjonctif (fibroblastes + matrice extra-cellulaire*** (MEC)
pour simplifier).
[MEC = collagène, élastine, ac. hyaluronique et autres
GlycosAminoGlycanes (GAG)]
La synthèse du collagène est très dépendante du silicium, en
particulier l'hydroxylation de la proline en OH-proline.
Il y a également une très forte relation avec le contenu en élastine.
Sa synthèse est également dépendante du silicium.
C'est l'élastine qui, comme son nom l'indique, donne l'élasticité à la
peau (et aux artères). Cette perte de propriété est d'ailleurs
quasiment le signe le plus évident du vieillissement cutané (et
artériel).
L'hydratation de la peau dépend, du contenu en GAG, macromolécules
dont nous avons vu (cf. "[Silicium] & artères") qu'elles contenaient
beaucoup de silicium. La diminution d'épaisseur, qui signe en fait une
baisse de l'hydratation, est également observée avant l'apparition des
rides. Cette épaisseur, et donc l' hydratation, est améliorée par le
silicium organique.
Pour certain (Freigert), la kératinisation est également sous la
dépendance du silicium.
Le silicium améliore-t-il les rides ? oui c'est certain,
et pas seulement par les injections de silicone !
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Le principe actif du Conjonctyl (SEDIFA, Monaco),
le monométhylsilanetriol, [ CH3-Si(OH)3 ]
ou quelque variation (diméthylsilanediol) est retrouvé
(avec des adjuvants variés : ac. alginique,...)
dans un très grand nombre de spécialités cosmétologiques
commercialisées par les "plus grands noms" de la cosméto
(L'Oréal, Lancôme, Vichy, ... des dizaines de noms si vous voulez).
Regardez chez votre pharmacien, vous serez surpris.
Mais pourquoi donc ces sociétés ont-elles toutes besoin de mettre du
silicium organique dans leur formule cosmétologique, un dérivé méthylé
relativement simple à synthétiser, qui leur coûte cher, puiqu'elles ne
le fabriquent pas et que le fournisseur, unique, est en situation de
monopole mondial) ?
Si ces multiples sociétés n'ont pas de
silicium organique "maison", c'est que la couverture-brevet
est régulièrement entretenue et assez "béton" (quoique...).
Le fournisseur unique de cet ingrédient 'magique' est la Société
Exsymol (Monaco) : en fait même adresse, mêmes dirigeants que Sedifa.
http://www.exsymol.com
Cette "preuve" par l'argent n'en est pas une (de preuve), mais
dans cette véritable entreprise alchimique qu'est l'industrie
cosmétique, plus l'ingrédient de base (le plomb) est économique,
plus le profit est important. Le tout étant vendu à un prix qui peut
effectivement dépasser celui de l'or !
Reste à savoir ce qui est vendu : de la jeunesse en onguent, de
l'espoir ou simplement du rêve...
Attention aux hommes qui voudraient argumenter là-dessus, il y a
peut-être une femme qui vous lit, même si elles n'interviennent pas
beaucoup (à mon grand regret).
Pourquoi donc vouloir ajouter à la formule secrète si précieuse
quelque chose qui coûte vraiment cher,
s'il n'y avait aucune efficacité ?
Les revendications du silicium organique
en cosmétologie sont multiples :
. effet hydratant prolongé ;
. anti-rides ;
. "anti-âge" ;
. anti-cellulite ;
. anti-vergeture ;
. anti-coup de soleil ;
. anti-radicaux libres ;
etc.
Même si la qualité des essais cosmétologiques est loin de valoir
(quoique parfois...) celle des essais de médicaments proprement dits,
j'ai constaté une cohérence certaine des résultats et un 'substratum'
expérimental ex-vivo plutôt valable (je vous fais grâce du détail, il
n'est pas question de faire 10 pages ici).
En particulier, l'effet anti-cellulite
(exploité et avec moult profits
par les mésothérapeutes avec le Conjonctyl)
est apparemment lié à une activation par le silicium des
triglyceride-lipases dans les adipocytes
(sans élévation du niveau d'AMPc°°° comme avec la caféine).
°°°AMPc : Adénosine MonoPhosphate cyclique
D'après certains confrères, la silice colloïdale (Dissolvurol) aurait
également cet effet anti-cellulite (avec adaptation de la posologie).
Il n'est pas inintéressant de relier ceci avec l'augmentation générale
de la masse grasse (par opposition à la maigre) chez les personnes
âgées (surtout dans nos civilisations d'abondance).
La mobilisation de plus en plus difficile de ces réserves
disgracieuses, et obstructives pourrait-elle être liée à une carence
en silicium ?
Hypothèse simple voire simpliste, mais je connais des schémas
physiopathologiques encore moins compliqués.
Conclusion provisoire et appel à la réflexion
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(il y a encore bien des pages à écrire sur le sujet
mais comme je pars en vacances...)
Évidemment, la preuve directe n'est jamais parfaite
(et sujette à tellement d'interprétations contradictoires)
et les corrélations indirectes, sont parfois (souvent ?) de l'ordre de
la dialectique (sans parler de discours marketing).
Alors prudence, prudence...
De plus, rien n'est vraiment simple avec le silicium, a tel point que
certains ont imaginé une vie extra-terrestre basée sur cet élément
(comme la nôtre le serait sur le carbone).
En fait, il est une chose que tout le monde oublie,
(et moi-même, étant depuis peu dans un labo de chimie
j'ai dû me faire quelques rappels)
c'est non pas la valence du silicium : 4 comme le carbone
mais la possibilité qu'à le silicium de former des complexes de
coordination V et VI (en ce cas Si+ et Si++).
Si(IV) ---> Si(V)+ <--- Si(VI)++
<--- --->
Que les spécialistes des radicaux libres se creusent la tête !
(rappel : 7 grammes de silicium pour un corps humain
et liaison _très_ privilégiée avec l'oxygène)
Cela ne ferait-il pas un volant intéressant d'espèces intermédiaires
(complètement inenvisagées et pour cause)
susceptibles d'intervenir dans les cycles redox ?
Si capteur d' e- ou d' OH° selon les circonstances.
(l'intérêt c'est le OH° ! car l'espèce résultante
n'est pas détruite ou fortement détériorée
comme le serait une molécule
avec un squelette hydrocarbonée)
Le silicium, la "masse manquante" de la biochimie radiculaire !
Hypothèse de non-chimiste c'est sûr,
mais cela me paraît pouvoir tenir la route.
(appel à discussion avec les spécialistes)
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Cette série de messages à propos du silicium biologique n'est pas
totalement désintéressée...
Toutes les données citées ici sont tirées de références ouvertes.
Je peux en fournir la liste, (et quelques autres réflexions
personnelles), aux personnes curieuses, en particulier aux 'croisés'
de la recherche publique (voire industrielle, mais...)
qui envisageraient d'aller jeter un oeil sur cette friche et,
pourquoi pas, démarrer une collaboration.
J'essaie aussi de mettre le doigt sur une possible incohérence d'une
certaine mentalité de la performance dans la recherche pharmaceutique.
A force de regarder la concurrence***, de rechercher des molécules qui
font de plus en plus d'effets, de plus en plus ciblés, de plus en plus
en plus vite, avec de moins en moins de substances, etc.
- donc... de plus en plus chères - (raisons non-exclusives)
il est possible que l'on puisse 'oublier' en chemin quelques-unes qui
pourraient tout autant, avec un peu plus de substance peut-être, plus
lentement parfois (ce qui reste à prouver), mais plus globalement et,
peut-être, pour pas grand-chose
(c'est dans doute là le vrai problème).
*** à ce propos, une des raisons de mon divorce avec un de mes
employeurs pharmaceutiques précédents (grand groupe) est la réflexion
recueillie quand je proposais une nouvelle manière d'envisager un
problème scientifique :
" non, les autres ne font pas comme ça,
et il y a _certainement_ une bonne raison".
J'ai compris ce jour-là que rien d'intéressant
ne sortirait plus de ce labo. Exit.
Etre novateur, ce n'est pas toujours galoper à perdre haleine,
comme Attila et ses Huns (et on sait ce qu'il advint de l'herbe !)
c'est parfois prendre le temps de s'arrêter, de regarder en arrière et
de dire : "Hep ! je crois bien qu'on a oublié (saccagé) quelque chose
d'intéressant au passage !"
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à venir en septembre :
[Silicium] & Alzheimer (dont aluminium)
[Silicium] & immunité
...
[Silicium] & fibres alimentaires
[Silicium] & respiration cellulaire
[Silicium] & transporteur transmembranaire
et peut-être...
[Silicium] & cancer
[Silicium] & homéopathie