From: jpg@pasteur.fr (Jean-Philippe GÉRARD)
Subject: [Silicium] & Placebo (polémique assurée)
Date: 06 Aug 1997 00:00:00 GMT
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Il se pose une question fondamentale vis-à-vis de l'action du silicium
en thérapeutique :
                   S'agit-il d'un effet placebo ?

En effet, la silice colloïdale est un excipient très couramment
utilisé en pharmacie. 

Les excipients, sont des substances réputées inertes 
(avec quelques bémols), qui :
. ont une innocuité parfaite, ou presque (la gamme de dose 
  administrable d'un excipient est très large, et le plus 
  souvent ne doit pas déboucher sur une quelconque toxicité) ;
. stabilisent un principe actif (conservation) ;
. le solubilisent (par ex. substance hydrophobe dans une huile ou une 
  émulsion) ;
. permettent une dissolution correcte et ciblée (par exemple dans un
  verre, dans l'estomac ou plus avant dans le tube digestif) ;
. lui donnent une forme (gélule, suppositoire, gel, etc.) en rapport
  avec le mode d'administration ;
. peuvent lui donner une palatibilité nécessaire, quand le goût du 
  principe actif est 'terrible', ou pour une application pédiatrique ;
. permettent son ciblage ;
. améliorent sa demi-vie ;
. etc.   (j'en oublie probablement, et le détail est certainement
          imparfait, mais que les "potards" me pardonnent)

Ils participent pleinement au mode d'action. Sans excipient, (souvent)
pas de médicament. Cet art de la mise en forme, c'est la galénique.

Dans les essais cliniques en double aveugle, le vrai contrôle-placebo
c'est l'excipient du principe actif. Il est important que la drogue et
son 'fantôme' aient le même aspect, le même goût, la même forme, etc.
(ce qui ne va pas sans problème parfois) pour éviter que les patients
ou le personnel soignant ne cassent le code de la plus évidente des
façons.

La silice colloïdale donc a apparemment toutes les qualités de
l'excipient parfait et de fait elle est utilisée dans plus de mille
médicaments du Vidal (en fait plusieurs centaines de principes actifs
avec des présentations ou des doses différentes). La 'dose' de cet
excipient n'est jamais indiquée.
Elle possède en particulier cette vertu cardinale : l'innocuité,
(innocuité généralement testée contre des sujets sains, plutôt jeunes
en plus, je connais certains qui se paient leurs études en exploitant
ce filon plutôt bien rémunéré)

Effet placebo : de quoi s'agit-il ?
il apparaît qu'un certain nombre de patients (10-30% voire plus) qui
ont reçus le 'fantôme' se disent améliorés, et parfois sont améliorés
objectivement d'affections pouvant être réputées 'incurables'.

Un certain nombre de raisons psychologiques (psychiatriques ?) sont
avancées, sans oublier des changements réactionnels plus ou moins
inconscients de comportement ou d'alimentation.

Il apparaît ainsi pour le corps médical comme une énigme.

Le placebo sert de base fixe autour de laquelle va se faire l'essai
clinique, en particulier l'escalade de doses. Un médicament a une zone
d'efficacité plus ou moins étroite, parfois très proche de la zone de
toxicité. Tant que l'effet du principe actif est supérieur au placebo,
le médicament est dans la zone d'efficacité et parfois certains
tolèrent une certaine toxicité (effets secondaires) quand le bénéfice
thérapeutique paraît l'exiger (affections graves ou vitales).

Um même comprimé peut-être dosé à 1 unité, 5, 10, 100 unités (unité
pouvant être µg, mg, UI (Unité Internationale), etc.).
Le placebo est habituellement unique (il peut d'ailleurs coûter fort
cher à fabriquer : l'absence du principe actif étant parfois très
difficile à compenser).

Et le biais est là.

Quand la zone d'activité a été déterminée, un contrôle à mon sens
nécessaire n'est jamais fait (ou pour ainsi dire jamais, l'essai est
déjà suffisamment cher comme ça, c'est indéniable) :
escalade de dose du placebo contre le principe actif à dose fixe.

Inutile diront tous les initiés : 
le placebo est, par principe même, inactif.

Je pose la question simple :
en êtes-vous si sûr ?

Et s'agissant de la silice colloïdale, en particulier
l'avez-vous vérifié ?

Pour avoir passer plus de 18 mois, pratiquement à temps plein à faire
la bibliographie du silicium en biologie, je n'ai trouvé aucune étude
publiée faisant ce contrôle, que ce soit avec ou sans classes d'âge.
(du fait que le silicium biologique dans un certain nombres de
tissus-clés (peau, artère, thymus) décroit dans des proportions très
notables avec l'âge)

Si quelqu'un la possède qu'il me donne la référence.

Sinon...

L'innocuité historique de la silice colloïdale a certainement été
évaluée contre des sujets sains, et il n'a apparemment été retrouvé
aucun effet secondaire gênant (cela se saurait quand même).
Cela ne prouverait qu'une chose : qu'un sujet en bonne santé 
(et très probablement jeune) est transparent vis-à-vis de la silice 
(il la "pisse" comme il la boit). No big deal.

---> Cela ne prouve pas qu'un sujet malade et/ou âgé <---
--->              ne peut pas en manquer             <---


Le dérivé organique, monométhylsilanetriol
(et éventuellement diméthylsilanediol)
peuvent avoir des effets pharmacologiques propres
par rapport à la silice colloïdale,
en particulier du fait de l'excipient qui se trouve être
l'acide salicylique*** dans le cas du Conjonctyl.

L'ac. salicylique°°° est un des métabolites actifs de
l'aspirine (ac. acétyl-salicylique) !
Le monde des excipients n'est pas simple...

*** le monométhylsilanetriol 'marche' avec d'autres excipients...
°°° on ne sait d'ailleurs pas vraiment son mode d'action.
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