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Subject: Re: [Silicium] & publications scientifiques
From: Jean.Pelmont@wanadoo.fr (J.R. Pelmont)
Date: Sun, 7 Sep 1997 08:35:20 +0000

Je ne comprends plus très bien l'intérêt de cette polémique lancée à
l'origine par une question portant sur le slicium et une thérapeutique.

Bien qu'étant biochimiste, je ne sais pas grand chose sur le silicium
quant à ses relations avec le monde vivant. Il y a bien sûr la présence
de silice chez les diatomés, des plantes (prêles, graminées). Pas très
médical tout ça. Jean-Philippe GÉRARD suggère (avec raison) qu'on fasse
une recherche sur Medline. Alors allons-y.

Le mot-clé "silicon" amène 10468 références. Encore pire avec un joker
(*) : silic* amène 36357 références. ll est clair qu'il faut restreindre
la recherche. Par exemple dans silicon AND collagen, on trouve 220
référenes : cela va déjà un peu mieux.

La difficulté de la recherche vient comme toujours du choix des
mots-clés. Dans la constitution des bases de données, les mots-clés sont
parfois attribués avec un certain arbitraire, mais on peut s'en sortir à
renfort de jokers et booléens.

Le problème du silicium s'avère finalement bien complexe.

1) Il exite une chimie du silicium qui s'inspire assez largement de
celle du carbone. Un groupe silyle s'utilise en chimie orga à la place
d'un atome d'hydrogène, à caractère suffisamment métallique pour
contrôler le site d'attaque par un électrophile et la position finale de
la double liaison (je l'apprends de I. Fleming, 1986, Ciba Found.Symp.
121;112). Mis à part ce jargon, cela veut dire que les composés silylés
sont des auxilliaires de synthèse importants pour la fabrication de
certains médicaments.

2) L'utilisation des produits silylés est banale en chimie analytique,
bien connue des gens qui font des dérivations pour la chromatographie en
phase gazuse, la HPLC, etc. Exemple simple : le triméthylchlorosilane
(TMCS). Le terme de silane fait référence à des composés contenant Si et
H, et analogues aux hydrocarbures, alors que les liaisons courantes dde
Si se font avec l'oxygène dans les silicones, la silice, etc.). Mais
nous sortons de l'univers médical (sauf tout de même pour l'analyse !)

3) L'introduction dans l'organisme d'éléments silylés pose le problème
de leur toxicité et de leur élimination. C'est la cible de nombreux
articles. Je me demande si il n'y a pas parfois une querelle de
terminologie, quand on parle de médication par le silicium alors qu'en
fait il s'agit de molécules synthétiques contenant du silicium. (???)

4) La présence des dérivés du silicium dans la nature débouche sur des
problèmes médicaux quand il y a contamination de l'homme. Laissons de
côté le problème déjà bien connu de l'amiante. Il y a aussi des origines
plus subtiles. Par exemple la silice amorphe présente dans les végétaux
comme le riz peut se transformer par incinération à 800° en particules
de silice cristalline, irritantes pour l'homme.

5) Le monde contemporain fait largement recours aux silicones polymères
(R3)Si-(O-Si(R)2)n-O-Si(R)3 , où R est en général un radical carboné. On
apprend que les silicones ont des propriétés hydrofuges qui les fait
utiliser largement en dermatologie, en cosmétologie, dans les implants,
dans la préparation de pommades, etc. On utilise aussi les silicones
comme revêtements anti-moussants dans les flacons. Pour ne pas parler
des huiles de silicone, etc.

6) Un problème de recherche fondamentale (qui peut déboucher tôt ou tard
dans le domaine de la médecine). On a découvert à Regensburg (All.) chez
les diatomées des glycoprotéines spécialisées, dites frustulines, qui
peuvent lier le calcium et gèrent la précipitation de silice amorphe
dans la paroi cellulaire. Il y a aussi les protéines de transport,
objets de l'article cité dans la revue Nature. Le séquençage des gènes
va permettre de dépister des protéines similaires chez d'autres espèces,
et pourquoi pas dans le monde animal.

7) Et autres aspects que j'ignore complètement. Et vous ? Puisque J-P Gérard
nous annonce un séminaire dans son labo, il consentira bien à nouslivrer des
tuyaux. :-)

En matière de conclusion, je trouve un peu stérile la polémique évoquée
plus haut. Internet est et restera un espace de liberté, ou chacun
devrait pouvoir poser sa question ou donner un avis sans le risque
automatique de se faire incendier. Alors si on ignore quelque chose ou
si on se gourre, eh bien on apprend ! Et après ? :-)

Amicalement 
-- 
jean.pelmont@ujf-grenoble.fr
Fax (33)0 476 51 4336